A Montpellier, des gilets jaunes toujours là "pour vivre et pas seulement survivre"

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A Montpellier, des gilets jaunes toujours "pour vivre et pas seulement survivre".

Montpellier (AFP) - "Je suis devenue gilet jaune parce que je veux vivre et pas seulement survivre. J'y crois" : trois ans après le début de cette contestation en France, Myriam Fabregat, agente en école maternelle, ne loupe aucun samedi de mobilisation sur un rond-point de Montpellier.

En cet après-midi de mi-novembre, elle a rejoint une poignée d'autres "gilets jaunes" qui agitent des drapeaux, chantent et interpellent les automobilistes sur le rond-point des Prés dArènes à Montpellier. Des klaxons de soutien résonnent régulièrement. Le soleil est timide, lambiance joyeuse.

Dans cette ville, le mouvement qui secoua la France entre 2018 et 2019 fut un des plus suivis.

Sur un terre-plein, une large banderole jaune accrochée entre deux poteaux donne le ton à l'adresse du président de la République : "Macron et ses lois dehors". Devant, un thermos de café et des biscuits ont été placés sur la nappe cirée dune petite table.

Discrète malgré son imposant drapeau jaune "fait-maison", Myriam raconte pourquoi elle continue de venir, malgré l'essoufflement de la mobilisation au niveau national.

"Jen ai besoin, cest vital, jai envie que les gens se réveillent", lâche celle qui, à 59 ans, travaille comme agente territoriale spécialisée des écoles maternelles (Atsem) depuis plus de vingt ans.

"Trois ans après, jai toujours des fins de mois difficiles. Jai du mal à dormir. Je lutte pour mon salaire, pour mes droits au travail, pour mes enfants. Jy crois, je veux y croire", dit-elle.

"Notre combat na pas changé. Nos revendications sont les mêmes quil y a trois ans. Simplement, elles se sont renforcées", explique de son côté Sabrine Raynaud, institutrice à Montpellier et "gilet jaune" de la première heure.

- "On est toujours " -

Parmi les revendications, le prix du carburant qui avait été l'étincelle de la mobilisation en 2018 nest plus cité. "On veut la démission de Macron, la satisfaction des besoins de la population en termes de santé, déducation et de justice, que tous aient des revenus pour vivre, et non pour survivre. On veut une vraie démocratie et non un simulacre", énumère Sabine Raynaud.

Debout, en équilibre sur une glissière en béton, Adrien, exploitant agricole, fait danser à bout de bras un drapeau jaune, un peu rafistolé, estampillé "Prés dArènes".

"Il est vieux ce drapeau. Il a fait toutes les manifs, comme moi", plaisante le sexagénaire, interrompu par de vigoureux coups de klaxons. "Merci et continuez !", crie un conducteur par delà sa vitre. Galvanisé, le petit groupe acquiesce.

Si le nombre de gilets jaunes sur ce rond-point s'est étiolé en trois ans, ils estiment que leur mouvement n'a pas cessé, et s'est reporté en partie dans les manifestations contre le pass sanitaire.

"Je sais bien que les gilets jaunes ne vont pas renverser le système", relativise Gilbert Rigal, retraité, "mais notre mouvement a clairement enclenché quelque chose. Il y aura forcément dautres suites, vu ce qui tombe sur les petites gens".

Myriam, Gilbert, Sabine, Richard, AdrienTous décrivent lesprit de famille qui règne sur les rond-points. "La fraternité est essentielle. Cest aussi ça qui nous fait tenir", témoigne Sabine Raynaud.

Le 20 novembre, débats et concerts sont prévus pour marquer les trois ans du mouvement. Richard  Abauzit, ancien inspecteur du travail, figure emblématique du rond-point, "attend que cet anniversaire soit un rebond pour lavenir".

"Après trois ans, même si on est moins nombreux, on est toujours . Ça va repartir et on va finir par y arriver", croit-il.

"Ce que lon peut regretter, ce sont les difficultés d'organisation du mouvement au niveau national", souligne Sabine Raynaud. "Mais on évolue. On a appris à s'organiser collectivement, à mener des réunions, des assemblées générales et à communiquer avec les médias. Nous sommes un mouvement politique", martèle-t-elle.

La nuit tombe. Les embouteillages sintensifient. Inébranlables dans leurs gilets fluos floqués de slogans, les membres du rond-point des Prés dArènes entament une énième chanson : "On est , on est , on restera ".

This article was published Tuesday, 16 November, 2021 by AFP
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Des Gilets jaunes sur un rond-point à Montpellier, le 13 novembre 2021 © AFP Sylvain THOMAS


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