Des graffitis pour s'adresser à Dieu : l'exposition qui divise à la cathédrale de Canterbury
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Des graffitis pour s'adresser à Dieu : l'exposition qui divise à la cathédrale de Canterbury.
Canterbury (AFP) - "Où va l'humanité ?", "Pourquoi toutes ces souffrances ?" : des graffitis en forme de questions posées à Dieu s'exposent sur les murs de la cathédrale de Canterbury en Angleterre, une démarche loin de faire l'unanimité et qui a irrité jusqu'à Elon Musk.
Baptisée "Hear us" (Entends-nous), cette exposition qui dure jusqu'au 18 janvier 2026, crée un contraste saisissant dans ce lieu millénaire et central de la communion anglicane mondiale, situé dans le Kent, dans le sud-est de l'Angleterre.
Les graffitis aux couleurs vives - noir, rouge, jaune, blanc - ont été principalement collés sur les piliers et les murs de la crypte de l'édifice, construit à partir du VIe siècle.
"Es-tu là ?" ("Are you there?"), se détache par exemple en grosses lettres noires et vertes, cerclées de rouge.
Un peu plus loin, on peut lire également la question "Pourquoi as-tu créé la haine quand l'amour est tellement plus puissant ?".
"Ce que j'aimerais vraiment, c'est que (les visiteurs) prennent le temps de regarder ces questions, d'essayer de les comprendre et qu'ils se sentent autorisés à poser leur propre question à Dieu", explique à l'AFP Jacquiline Creswell, la commissaire de l'exposition.
Habituée à travailler avec le lieu de culte, elle explique que ces graffitis font aussi écho aux inscriptions que les paroissiens et pélerins ont gravées sur les parois de l'édifice depuis des siècles, comme des croix et christogrammes. Beaucoup sont encore visibles dans la crypte.
Le poète Alex Vellis a travaillé pendant plusieurs mois avec des communautés locales parfois marginalisées, comme des personnes issues de la minorité pendjabi, ou des personnes LGBT+ pour aboutir à ces questions qui interrogent la foi, le rôle de la religion et la vie après la mort.
Dans la cathédrale, qui verra bientôt arriver une femme, Sarah Mullally, comme nouvelle archevêque et cheffe de l'Eglise d'Angleterre, les réactions des visiteurs sont mitigées face à l'exposition.
"Ca dévalorise" la cathédrale, juge Paul Wilkinson, Londonien de 63 ans. "Ces graffitis, c'est ce qu'on voit sur les trains (...) Je pense que ca n'a rien à faire dans un tel endroit", lance-t-il, ajoutant que les questions ne sont que des "platitudes".
Hillary Brian, septuagénaire vivant à Canterbury, ajoute que la cathédrale "a besoin de l'argent" qu'une telle installation peut apporter, en attirant du monde. L'accès de la cathédrale est payant pour les visiteurs.
"Et les questions posées sont vraiment bonnes. Cela vous fait réfléchir. Ce sont des sujets de débats", ajoute-t-elle.
L'initiative, relayée en ligne, a fait des remous jusque de l'autre côté de l'Atlantique, au sein de la sphère MAGA (Make America Great Again, Rendre sa grandeur à l'Amérique).
Le vice-président américain JD Vance a jugé sur X "vraiment immonde" l'installation, tandis que le milliardaire Elon Musk a estimé qu'elle était symptomatique d'une tendance "de beaucoup de gens en Occident à vouloir tuer leur propre culture".
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Le poète Alex Vellis, devant des graffitis de l'exposition "Hear us" ("Entends-nous"), sur les murs de la cathédrale de Canterbury (sud de l'Angleterre) le 16 octobre 2025 - Ben STANSALL (AFP)