Papiers falsifiés, enfants volés ou achetés : les adoptés en quête de vérité


Papiers falsifiés, enfants volés ou achetés : les adoptés en quête de vérité.

Paris (AFP) - Papiers falsifiés, enfants volés ou achetés : aujourd'hui adultes, des Français adoptés à l'étranger quand ils étaient enfants sont en quête de vérité et réclament le soutien de l'Etat pour pouvoir remonter les traces dissimulées de leur famille biologique.

Le rapport d'une mission d'inspection interministérielle (Affaires étrangères, Justice et Enfance), chargée en novembre 2022 de faire la lumière sur les pratiques illicites dans l'adoption internationale, est remis mercredi au gouvernement français, en présence de certaines associations. Un moment de vérité très attendu par les treize associations d'adoptés à l'international (Sri Lanka, Corée, Mali, Rwanda...) qui ont créé un collectif pour s'entraider.

"Au moment ils deviennent parents, les adoptés voudraient transmettre leur histoire. Ou au décès des parents adoptifs, ils ont envie de connaître leurs parents biologiques", explique Marie Marre, médecin et fondatrice du Collectif des adoptés français du Mali.

Pour certains, pas systématiquement, leurs recherches dévoilent des incohérences, des dates de naissance différentes sur plusieurs documents, des falsifications de papiers, l'absence de consentement de la mère à l'abandon, selon les collectifs.

"Au Mali, par exemple, on disait à des parents biologiques que leur enfant allait en France pour recevoir une éducation ou être soigné, et qu'il reviendrait. Aux parents adoptifs, l'association affirmait que la mère avait abandonné l'enfant. Les familles ne revoyaient jamais leur enfant", explique Marie Marre.

- Entraide -

Après la recherche de ses origines au Sri Lanka et la découverte d'un trafic d'enfants, racontées dans un livre, "Good Morning Nilanthi", Céline Breysse a créé le Collectif des adoptés du Sri Lanka et épaule gratuitement d'autres adoptés.

"Nous expliquons les démarches. Nous faisons des recherches au Sri Lanka, publions des annonces dans la presse, diffusons auprès des adoptés les annonces de mères biologiques à la recherche de leur enfant. Nous aidons ces mères à mettre leur ADN sur une base aux Etats-Unis", énumère cette éducatrice spécialisée en protection de l'enfance.

Au Sri Lanka, certains témoignages recueillis font état de disparitions d'enfant à la maternité, rapporte-t-elle : "Une mère a expliqué qu'elle avait accouché en pleine nuit d'un enfant en bonne santé. Puis le médecin est revenu en disant que l'enfant était décédé. Elle n'a jamais vu le corps".

Certaines pratiques et l'existence parfois de "filières" illégales empêchent de remonter aux familles d'origine.

"Une adoptée a retrouvé au Sri Lanka la personne dont le nom figurait sur son acte de naissance. Celle-ci lui a dit qu'elle n'était pas sa mère, mais qu'elle avait reçu de l'argent par des intermédiaires pour signer les papiers", selon Mme Breysse, qui affirme que ce cas n'est pas isolé.

"Quand on découvre que les papiers sont faux, que ladoption sest faite sans consentement de la mère biologique, cest complexe à vivre", dit-elle.

- "Livrés à nous-mêmes" -

Yves Denéchère, auteur avec Fabio Macedo d'une "étude historique sur les pratiques illicites dans l'adoption internationale en France" en février 2023, confirme: "Les pratiques illicites ont été nombreuses. Elles ne sont pas généralisées, mais selon les périodes on les rencontre au Pérou, Brésil, Népal, Guatemala, Mali, Sri Lanka, en Roumanie, à Madagascar et ailleurs encore...", souligne-t-il.

"Ce nétaient pas des exceptions, beaucoup dacteurs de ladoption savaient ce qui se passait. Les autorités françaises, les ministères, les associations étaient au courant. De nombreuses correspondances entre des ambassadeurs ou consuls et le Quai d'Orsay évoquaient ces pratiques illicites", explique-t-il.

Les associations réclament pour les adoptés un droit - encadré et gratuit - de pratiquer des tests ADN pour vérifier leurs liens de parenté. Or ils sont interdits en France. Elles demandent aussi que les adoptés puissent recevoir un appui logistique, financier et humain pour retrouver leur famille.

"La recherche des origines est un droit en France, mais nous sommes livrés à nous-mêmes dans des pays étrangers dont nous n'avons pas la langue, ni la culture", déplore Céline Breysse, qui espère que le rapport présenté mercredi permettra de faire avancer leurs dossiers.

This article was published Thursday, 14 March, 2024 by AFP
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Papiers falsifiés, enfants volés ou achetés : aujourd'hui adultes, des Français adoptés à l'étranger quand ils étaient enfants sont en quête de vérité et réclament le soutien de l'Etat pour pouvoir remonter les traces de leur famille biologique © AFP/Archives HECTOR RETAMAL


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