Pesticides, climat, parasites : les apiculteurs ont le bourdon

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Pesticides, climat, parasites : les apiculteurs ont le bourdon.

Quimper (AFP) - "Ça devient très compliqué pour notre pauvre abeille..." Réunis en congrès à Quimper, les apiculteurs européens ont dressé un sombre panorama de leur métier, confronté à des récoltes de plus en plus irrégulières en raison des multiples dégradations de l'environnement.

"Je me suis battu pendant 30 ans pour l'abeille mais, si je devais choisir aujourd'hui, je ne sais pas si je deviendrais apiculteur", lâche Henri Clément, apiculteur dans les Cévennes et porte-parole de l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf).

A 62 ans, M. Clément, qui possède 200 ruches en Lozère, dans l'Hérault et l'Aude, n'est plus loin de la retraite. "Mais, c'est pas réjouissant pour les jeunes qui veulent s'installer", déplore-t-il.

La teneur des débats qui se sont tenus lors du congrès européen de Quimper en sont la preuve : frelon asiatique, varroa (un parasite), pesticides et changement climatique ont occupé une grande partie du programme.

"Le plus grand problème (avec le changement climatique), c'est la météo erratique", a ainsi souligné l'entomologiste américain Jeffery Pettis, président d'Apimondia, fédération internationale rassemblant les apiculteurs de 110 pays.

"Des plantes qui étaient habituées à une certaine température font maintenant face à des étés chauds et secs et il n'y a plus de fleurs", détaille-t-il. "On perd aussi des ruches dans les inondations ou les incendies."

Aux Etats-Unis, comme en France, 30 à 40% des ruches meurent chaque hiver, a-t-il estimé, affectés par le varroa, les pesticides et la réduction des espaces sauvages.

Les apiculteurs français devraient cette année récolter entre 12.000 et 14.000 tonnes de miel, loin des plus de 30.000 tonnes des années 1990, selon l'Unaf. Et l'Europe, deuxième importateur mondial de miel, ne couvre actuellement que 60% de sa consommation.

Lors d'un débat sur les pesticides, Jean-Marc Bonmatin, chercheur (CNRS) au centre de biophysique moléculaire dOrléans, a souligné que les parasites et pathogènes des abeilles, comme le varroa ou les virus, étaient "favorisés par la présence de (pesticides) néonicotinoïdes qui empoisonnent" en outre "directement les pollinisateurs".

Interdits depuis 2018, les néonicotinoïdes ont été réautorisés en février par le gouvernement pour les seules cultures betteravières. Ces substances peuvent rester entre 5 et 30 ans dans le sol, selon M. Bonmatin, qui a aussi mis en garde contre d'autres classes de pesticides comme les fongicides SDHI (inhibiteurs de la succinate déshydrogénase).

Pour permettre aux agriculteurs de protéger les abeilles, le chercheur a annoncé le lancement prochain d'un logiciel libre baptisé "Toxibee" qui permettra d'identifier rapidement les molécules les moins toxiques.

This article was published Wednesday, 26 October, 2022 by AFP
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Période difficile pour les abeilles entre pesticides, climat et parasites © AFP/Archives Olivier MORIN


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