Poutine reconnaît un conflit "long" en Ukraine, relativise le recours à l'arme nucléaire
Poutine reconnaît un conflit "long" en Ukraine, relativise le recours à l'arme nucléaire.
Moscou (AFP) - Le président russe Vladimir Poutine a reconnu mercredi que le conflit en Ukraine était "long" et a relativisé le risque d'un recours à l'arme nucléaire.
"Nous ne sommes pas devenus fous, nous savons ce que sont les armes nucléaires", a déclaré M. Poutine, s'exprimant en visio-conférence devant son Conseil des droits de l'homme, une organisation entièrement soumise au Kremlin.
Après plusieurs menaces d'y recourir ayant émané de responsables russes ces derniers mois, il a souligné que ces armes étaient "un moyen de défense", qu'elles étaient destinées à une "frappe en représailles".
Autrement dit, "si on nous frappe, on frappe en réponse", a martelé le chef de l'Etat russe.
Néanmoins, "la menace d'une guerre nucléaire grandit", au regard de la confrontation Russie-Occidentaux autour de l'Ukraine, a-t-il relevé, imputant cette situation aux Américains et aux Européens.
"Tout discours à la légère sur les armes nucléaires est absolument irresponsable", a commenté quelques heures plus tard le porte-parole du département d'Etat américain Ned Price.
Pour le chancelier allemand Olaf Scholz, la communauté internationale "a tracé une ligne rouge" à la Russie et a permis de faire diminuer le risque d'un recours à l'arme nucléaire par Moscou en Ukraine.
"Une chose a changé pour le moment: la Russie a cessé de menacer d'utiliser des armes nucléaires", a affirmé le chancelier dans un entretien au groupe de médias allemands Funke et au quotidien régional français Ouest-France à paraître jeudi.
- "Un long processus" -
Vladimir Poutine a, à cette occasion, une nouvelle fois justifié l'offensive qu'il a déclenchée il y a plus de neuf mois.
Même si, "bien sûr, c'est un long processus", a-t-il reconnu.
L'"opération militaire spéciale" lancée le 24 février était censée se solder par une victoire russe éclair mais les militaires ukrainiens ont forcé la Russie à renoncer au printemps à Kiev, puis à l'automne à se retirer de plusieurs autres régions.
Répondant à l'un de ses interlocuteurs mercredi, le président russe a toutefois jugé que "l'apparition de nouveaux territoires" était un "résultat significatif pour la Russie".
"La mer d'Azov est devenue une mer intérieure, c'est une chose sérieuse", a-t-il proclamé, évoquant cette zone maritime qui borde une partie du sud-ouest de la Russie et le sud-est de l'Ukraine dont Moscou contrôle désormais tout le rivage.
En outre, M. Poutine a revendiqué en septembre l'annexion de quatre régions ukrainiennes bien que le contrôle russe n'y soit que partiel et les combats quotidiens.
En novembre, les troupes russes ont dû battre en retraite de Kherson, la capitale de la région méridionale éponyme que la Russie considère comme sienne. Un repli humiliant qui a suivi celui en septembre du nord-est de l'Ukraine.
Le Kremlin avait toujours nié que son offensive contre l'Ukraine était destinée à conquérir de nouveaux territoires, affirmant vouloir défendre les populations russophones et mettre fin à l'alliance entre Kiev et les Occidentaux, jugée menaçante par la Russie.
Vladimir Poutine est par ailleurs revenu sur la mobilisation de 300.000 réservistes, des civils donc, notant que seule la moitié d'entre eux était dans l'immédiat déployés en Ukraine.
L'annonce de cette mobilisation avait provoqué un exode de Russes vers l'étranger et a mis en exergue les graves problèmes d'équipement de l'armée.
Sur le front, les bombardements se sont poursuivis mercredi avec notamment dix personnes tuées, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans une frappe russe sur la ville de Kourakhové, près de Donetsk, dans l'Est, où se concentre actuellement l'essentiel des combats.
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Vladimir Poutine lors d'une réunion à Moscou, le 7 décembre 2022 © SPUTNIK/AFP Mikhail Metzel