"Révolutionnaire" : la station polaire de Tara baptisée à Lorient
"Révolutionnaire" : la station polaire de Tara baptisée à Lorient.
Un navire "révolutionnaire pour la science" : la Tara Polar station, observatoire scientifique dérivant sur la banquise du pôle Nord, a été baptisée jeudi à Lorient, avant son départ en 2026 pour une première mission sur un océan Arctique encore largement inexploré.
Qualifié de "station spatiale internationale des glaces", ce laboratoire flottant en aluminium, en forme d'igloo posé sur une grosse bouée, a été conçu pour résister à des conditions presque aussi extrêmes que dans l'espace.
Avec ses 110 tonnes d'aluminium, son éolienne et ses panneaux solaires, ce concentré de technologie peut résister à la pression de la glace de mer et supporter des températures de -52°C, dans une des zones les plus isolées de la planète.
Un "projet incroyable, un peu fou", a confirmé le spationaute Thomas Pesquet, parrain du navire. "Il reste plein d'aventures à faire sur Terre, pas besoin d'aller dans l'espace : on a fait beaucoup plus d'expéditions dans l'espace que dans l'océan Arctique."
Les expéditions scientifiques hivernales, en dérive sur l'océan Arctique, se comptent en effet sur les doigts d'une main. "C'est trop hostile comme conditions pour les scientifiques", explique Chris Bowler, biologiste (ENS/CNRS) et directeur adjoint de la première expédition Tara Polaris I.
"Nous faisons quelque chose de révolutionnaire pour la science", souligne le chercheur, car "nous avons très peu d'informations sur ce qui se passe là-bas durant l'hiver et même durant la plus grande partie de l'année".
"Nous sommes allés sur la lune (...) et au fond des océans plusieurs fois. Mais être dans l’Arctique central est plutôt rare d'un point de vue scientifique", insiste-t-il.
Après une série d'essais en 2025, la station polaire doit entamer sa première mission en août 2026 et dériver sur la banquise du pôle Nord pendant 350 à 500 jours, à une vitesse moyenne de 10 km par jour. Dix expéditions du même type sont prévues entre 2026 et 2045.
Le navire embarquera 12 personnes en hiver (dont 6 scientifiques) et 18 en été. Les volontaires devront affronter quatre mois de nuit totale, le confinement, le froid extrême (-25°C en moyenne) mais aussi la présence d'ours polaires.
Grâce à un trou aménagé dans la coque et aux multiples instruments embarqués, les scientifiques prélèveront des milliers d'échantillons dans la colonne d'eau (jusqu'à 2.500 mètres de profondeur), l'atmosphère et dans les multiples cavités de la banquise.
Chaque expédition devrait rapporter environ 20.000 échantillons.
Les 30 centres de recherche de 12 pays associés à la première expédition vont notamment étudier l'influence du changement climatique sur cet océan qui se réchauffe trois à quatre fois plus vite que le reste de la planète et voit sa banquise s'amenuiser.
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La station polaire Tara avant son lancement à Cherbourg le 1er octobre 2024