Soupçons de conflits d'intérêts : Dupond-Moretti renvoyé en procès, ses avocats forment un pourvoi


Soupçons de conflits d'intérêts : Dupond-Moretti renvoyé en procès, ses avocats forment un pourvoi.

Paris (AFP) - Une première pour un Garde des sceaux en exercice : la Cour de justice de la République (CJR) a ordonné lundi un procès contre Eric Dupond-Moretti, accusé d'avoir profité de sa fonction pour régler des comptes avec des magistrats à qui il s'était opposé quand il était avocat.

Le ministre de la Justice, qui était en déplacement en Guyane, s'était fait représenter par ses avocats devant la commission de l'instruction de la CJR, composée de trois magistrats.

"Comme malheureusement nous nous y attendions, c'est un arrêt de renvoi qui a été rendu par la commission de l'instruction", ont annoncé Me Christophe Ingrain et Rémi Lorrain à la sortie de la CJR.

"Nous avons immédiatement formé un pourvoi en cassation contre cet arrêt, qui n'existe plus", ont-ils affirmé, Me Lorrain soulignant qu'il appartenait "désormais à l'assemblée plénière de la Cour de cassation de se saisir de ce dossier" avec une nouvelle décision sur l'ensemble de la procédure, "et de se prononcer notamment sur les nombreuses irrégularités qui ont émaillé ce dossier depuis deux ans".

Arrivés à 9H00 à la CJR, dont la formation de jugement est seule habilitée à juger les membres du gouvernement pour des crimes ou délits commis dans l'exercice de leur mandat, les deux avocats en sont ressortis trente minutes plus tard, après s'être fait signifier le renvoi pour "prises illégales d'intérêts" d'Eric Dupond-Moretti.

Le renvoi du ministre devant la CJR ne manquera pas de poser une nouvelle fois la question du maintien au gouvernement de l'ancien pénaliste, qui répète sans cesse tenir sa "légitimité du président de la République et de la Première ministre et d'eux seulement".

Les deux principaux syndicats de magistrats, l'Union syndicale des magistrats (USM) et le Syndicat de la magistrature (SM) ont souligné dans un communiqué une situation "inédite" pour le ministre, au vu des soupçons d'"atteinte grave à la probité" qui lui valent ce procès ; de sa "tentative de jeter le discrédit" sur le ministère public et les juges chargés de l'instruction ; du risque d'un "nouveau conflit d'intérêts si (Eric Dupond-Moretti) devait nommer son propre accusateur" après le départ programmé à la retraite, en juin, de François Molins.

Eric Dupond-Moretti, nommé à la tête de la Chancellerie à l'été 2020 et reconduit à ce poste après la réélection en mai d'Emmanuel Macron, est accusé d'avoir profité de sa fonction pour régler des comptes avec des magistrats avec lesquels il avait eu maille à partir lorsqu'il était avocat. Ce qu'il conteste.

Des plaintes de syndicats de magistrats et de l'association anticorruption Anticor, dénonçant deux situations de conflit d'intérêts depuis son arrivée à la Chancellerie, avaient donné lieu à l'ouverture d'une information judiciaire en janvier 2021. M. Dupond-Moretti avait été mis en examen six mois plus tard.

This article was published Tuesday, 4 October, 2022 by AFP
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Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, à Paris le 24 février 2022 © AFP/Archives JOEL SAGET


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