Une exposition à Paris montre une France façon kaléidoscope

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Une exposition à Paris montre une France façon kaléidoscope.

Qu'y a-t-il de commun entre Roustam, le "mamelouk" de Napoléon, une chimiste de renommée mondiale, un marathonien mort dans la misère et une chanteuse adulée ? Le fait d'avoir "choisi la France", parmi 58 personnalités issues de l'immigration ou des Outre-mer dont une exposition à Paris retrace le parcours.

Le lancement de l'exposition gratuite, du 1er décembre au 17 janvier au musée de l'Homme, coïncide avec l'entrée au Panthéon mardi de l'une de ces personnalités, Joséphine Baker, danseuse, chanteuse et militante contre le racisme.

Son titre, "Portraits de France" reprend celui d'un rapport d'experts remis en mars au président Emmanuel Macron, une liste de 318 noms destinée à favoriser une meilleure représentation de la "diversité" dans l'espace public, sur les plaques de rues ou de bâtiments.

Parmi ces 318 personnalités, dont les portraits dessinés en bleu sur fond jaune défilent sur des écrans à l'entrée de l'exposition, les concepteurs du projet ont sélectionné 29 hommes et 29 femmes, entre 1791 et 2021.

"On part sur des destins, sur des parcours exemplaires, on a fait ce choix de la valeur d'exemple", explique l'historien Yvan Gastaut, rédacteur du rapport et un des commissaires de l'exposition.

L'idée est de "faire se côtoyer des figures extrêmement médiatiques, extrêmement reconnues, et des figures qui viennent nous apprendre d'autres aspects de notre Histoire", ajoute-t-il.

Des célébrités planétaires y partagent ainsi la vedette avec des personnalités oubliées voire totalement méconnues.

Outre de nombreux portraits ou photos d'époque, comme ceux de Raza Roustam, dit "Roustan", en Géorgie et ramené d'Egypte par Bonaparte, Jean-Baptiste Belley, ancien esclave et premier député noir à la Convention, ou de l'aviateur d'origine vietnamienne Do Huu Vi, tombé en France pendant la Première Guerre mondiale, l'exposition présente une série d'objets liés à ces multiples parcours.

Au fil des 12 périodes chronologiques définies par les historiens, on peut ainsi voir un exemplaire du prix Nobel de chimie de Marie Curie, le maillot 71 du marathonien Ahmed Boughera El Ouafi, médaille d'or aux jeux Olympiques de 1928 à Amsterdam, en Algérie et mort dans la pauvreté en région parisienne.

Les arts se déclinent sur des supports variés : page manuscrite d'une nouvelle d'Elsa Triolet, ticket pour un concert de Dalida en 1980 au prix de 50 francs, ou encore une pochette du 45 tours de "Douce France", reprise en 1986 de la chanson de Charles Trenet par le groupe "Carte de séjour" de Rachid Taha...

- "Profondeur historique sur 230 ans" -

Sur 318 noms, "le choix a été compliqué" afin de respecter une parité entre hommes et femmes et illustrer des domaines de compétences différents, confie Mme Clemente-Ruiz, responsable des expositions du musée de l'Homme.

Il fallait aussi restituer la diversité des origines "pour montrer vraiment qu'ils viennent du monde entier" : on a aussi bien des Africains, des Asiatiques, des Américains, des Européens...", souligne-t-elle.

"Aujourd'hui, alors qu'il y a tellement de débats sur : Qu'est-ce que c'est que la France, qu'est-ce que c'est qu'être Français, remonter avec cette profondeur historique sur 230 ans et voir que la France a toujours été multiple, diverse et riche de cette diversité, c'était important", estime Aurélie Clemente-Ruiz.

Dans ce contexte de crispations sur les questions d'identité face à l'immigration, les historiens se défendent de toute intention de "grand remplacement" symbolique sur les murs des villes et au fronton des édifices publics.

"Le but, ce n'est pas de faire du remplacisme mais d'apporter une vision complémentaire, des touches colorées complémentaires sur certains moments de l'Histoire de France", précise M. Gastaut.

"Ils ne sont pas pour remplacer d'autres personnes de notre Histoire, ils sont en complément de ce qui fait notre grande Histoire, notre récit", renchérit l'historien Pascal Blanchard, président du comité scientifique du rapport. "L'Histoire de France est assez riche pour que tous les noms puissent s'agréger".

"La France est un grand pays d'immigration mais les Français ne le savent pas", déplore-t-il, "il y a donc un travail pédagogique à faire".

"Cela ne signifie pas que ça va régler tous les problèmes du présent", reconnaît M. Blanchard, "ça c'est une affaire de politiques, pas d'historiens".

This article was published Wednesday, 1 December, 2021 by AFP
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XOSE BOUZAS / Hans Lucas / AFP


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