Décimée en Méditerranée, la grande nacre au coeur d'un projet de sauvetage
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Décimée en Méditerranée, la grande nacre au coeur d'un projet de sauvetage.
Canet-en-Roussillon (France) (AFP) - Comme des trésors, huit grandes nacres de Méditerranée sont délicatement extraites d'un étang au nord de Perpignan, direction le laboratoire.
Engagés dans une course contre la montre, des chercheurs tentent de sauver ce deuxième plus grand mollusque au monde, menacé d'extinction.
Depuis 2016, un parasite (Haplosporidium pannaé) qui vit dans les eaux de l'océan Atlantique, a décimé la quasi-totalité des grandes nacres, espèce endémique de Méditerranée pouvant mesurer 1m20 de hauteur et vivre une quarantaine d'années.
Il aurait été introduit en Méditerranée par des cargos en provenance de ports africains ou américains, selon l'hypothèse la plus probable.
"On a démarré les travaux en 2018, en essayant de soigner les nacres malades", explique à l'AFP Pascal Romans, responsable du service d'aquariologie à l'Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer et ingénieur de recherche à Sorbonne Université.
Très vite, les scientifiques se rendent compte que c'est peine perdue et se recentrent sur l'idée de conservation et reproduction des individus sains en captivité.
Premier objectif : "arriver à déclencher des pontes, même hors période naturelle de reproduction, en jouant sur les paramètres environnementaux dans les aquariums comme la température ou la salinité", détaille M. Romans.
Flanqué d'un masque et d'une combinaison de plongée, Titouan Morage, ingénieur d'études au Centre de recherches insulaires et observatoire de l'environnement (CRIOBE) de Perpignan, scanne attentivement le fond de l'étang de Salses-Leucate, situé à cheval entre les départements de l'Aude et des Pyrénées-Orientales.
Près de 100.000 grandes nacres (Pinna nobilis), encore épargnées par le parasite tueur, y côtoient oursins et huîtres d'élevage.
En grattant le sol pour dégager du sable, sans l'abîmer, ce bivalve aux allure de moule géante, M. Morage en extrait huit au total.
Emballées dans du coton, ces grandes nacres feront le voyage jusqu'à l'animalerie marine de recherche hébergée par l'aquarium de Canet-en-Rousillon, une vingtaine de kilomètres plus au sud.
A long terme, l'équipe dédiée à ce programme espère être en mesure d'accumuler un important stock d'élevage de nacres en captivité, afin de repeupler le milieu naturel.
Et le temps presse, car une autre inquiétude hante les esprits : "la possibilité d'une transmission inter-espèce : à un moment donné, lorsque le parasite a décimé l'espèce cible, il peut se transférer sur une autre espèce, et là, est-ce que ce sera les huîtres de consommation ? Les moules ?", s'interroge Serge Planes, qui pilote le projet de suivi et de sauvegarde des nacres, emblématiques de Méditerranée.
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Titouan Morage, ingénieur d'études au Centre de recherches insulaires et observatoire de l'environnement (CRIOBE), récupère une nacre au fond de l'étang de Leucate, le 23 août 2022 au Canet-en-Roussillon, dans les Pyrénées-Orientales © AFP RAYMOND ROIG